Artiste
Ce disque est né de trois fois rien, d’une évidence, d’une rencontre, de l’envie d’embarquer un drôle d’équipage sur un drôle de radeau, un voyage vers le sud depuis les hauts plateaux volcaniques de l’Auvergne, jusqu’à la joyeuse cité posée sur les eaux de la Méditerranée.
Enregistré dans les conditions du live à la Coopérative de Mai, scène de musiques actuelles de Clermont-Ferrand, fermée au public et aux artistes depuis une année entière, ce disque est né d’une toute petite idée, un peu rock’n’roll quand même : oser une relecture très libre et souvent inattendue de quelques grandes chansons de Brassens - dont on fête cette année le centenaire - en compagnie de la jeune scène auvergnate, sevrée de concerts depuis des mois.
L’Auvergnat allait donc chanter Brassens à la Coopérative de Mai, juste retour des choses. Toutes et tous, d’ici ou d’ailleurs, ont grandi à l’ombre de la salle, qui les a accompagnés et même parfois vus naître. Ils ont cherché et recherché, lu et relu, découvert ou réappris les plus belles pages de cet immense patrimoine, où l’on apprend à manier avec le même brio l’argot, la belle langue, l’imparfait du subjonctif et une partition musicale d’une rare complexité.
Quelques semaines après, la petite idée rock’n’roll était devenue une grande idée. Et au cours d’une séance d’écoute mémorable, où le talent, la sensibilité, l’émotion nous ont littéralement submergés, nous avons à nouveau applaudi, heureux. Très heureux.
Parce que c’est long, une année sans concerts, après vingt ans passés à en organiser des milliers.
Parce que c’est long, une année sans public, après avoir accueilli un million cinq cent mille spectateurs.
Parce que c’est long, une année vécue au jour le jour, sans réelle perspective pour une équipe de plus de vingt personnes passionnées, condamnées à se réinventer…
Aujourd’hui, comme une vraie bamboche, une vraie de vraie, ce disque est devenu une belle aventure collective, un trait d’union entre deux villes qui portent la culture comme une espérance, dessiné par un aréopage haut en couleurs et fort en gueule(s), réuni pour célébrer une modernité intacte, une insolence salutaire, une liberté essentielle. Une bande comme l’aurait sans doute aimée Brassens. Des copains d’abord.
1er extrait d’un projet magnifique, The Doug a frotté ses 20 balais à un monument. Il incarne à merveille la nouvelle scène, dont le talent éclabousse tout ce qu’elle touche. Sur un tapis léger d’électronique chantante, la chanson lui colle à la peau.