La magie, les miracles, les fantômes, les dirigeants mondiaux ; il semblerait qu’il n’y ait plus grand chose dans lequel on peut croire aujourd’hui. Le mensonge l’emporte sur la vérité, et même cette dernière peut se révéler dangereuse. Pour égayer les esprits, Already Dead – le quatrième album, et le premier en neuf ans, de Willy Mason – explore l’honnêteté et la tromperie, l’anonymat dans l’ère numérique, les bonnes intentions avec des conséquences imprévues, la liberté, le colonialisme, l’amour, Dieu, et l’idée d’un but puisque, comme nous le dit notre narrateur, il est grand temps de retrouver la foi.

« Already Dead est un état spirituel à viser ; c’est la libération des entraves et des inhibitions de son propre ego, sa culture, et sa mythologie. C’est la liberté et l’amour, et la liberté d’aimer face à la mort, » explique Willy sur la pensée derrière l’écriture. « C’est à propos de la nécessaire destruction de sa mythologie propre, la mythologie de l’espèce, du sexe, de la race, de la nation, de soi. C’est à propos de la douleur et de la tragédie qui vient d’une telle destruction, mais aussi de la liberté, la possibilité, et l’opportunité de réconciliation ; réconciliation avec le monde naturel et avec les autres. »

Ouverture brillante et premier single “Youth On A Spit" est un des morceaux les plus lourds de Willy en date ; « I feel no pain i’ve already bled / You can’t kill me I’m already dead” il se moque, à travers une déclaration à double face d’invincibilité, avant de se lancer dans une tournée cinglante, vive, et attentive du purgatoire qu’est la vie dans l’Amérique du Nord au 21ème siècle. « Youth On A Spit est à propos de la lutte pour la liberté et l’identité qui vient du fait d’avoir grandi dans une société basée sur la publicité. Le refrain “You can’t kill me I’m already dead” est à propos de la libération qui arrive avec la désillusion. »

Already Dead arrive au moment où certains mots doivent être dits. C’est une quête pour l’amour dans une société qui en a peur et qui veut en dissuader ; pour la vérité et la justice dans une société qui met la priorité sur le confort et le profit. « J’ai fini par me plonger si profondément dans cet album puisqu’il me semblait à ce moment, comme la seule manière d’espérer pouvoir faire du bien pour quelqu’un, » explique Willy. « Toutes mes préoccupations et les attentions que j’ai envers les gens, la peur, la frustration et la tristesse, sont toutes sorties de moi. »