D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Vitalic (Pascal Arbez-Nicolas de son vrai nom) a toujours voulu composer de la musique électronique, histoire de s’inscrire dans les pas de son idole Jean Michel Jarre. Il se souvient d’un disque du pionnier de l’électro que ses parents avaient laissé sur la plage arrière de la voiture au soleil, et qui gondolé, l’a marqué : « J’ai imité ce son déformé qui sonne faux , qu’on retrouve beaucoup dans ma musique et un peu partout en ce moment. ». A sept ans, alors qu’il aurait préféré apprendre la batterie, poussé par son père, il se retrouve à suivre des cours de trombone, une influence majeure dans sa musique : « Le trombone c’est un instrument lead, celui qu’on met en avant, au dessus, comme la voix. Dans ma musique, il y a souvent une mélodie qui prend le dessus et qui peut autant se siffler que se chanter. C’est ce que m’a appris le trombone ! »
Dès l’adolescence, Pascal se met à composer sur les premiers logiciels de musique disponibles, mais rapidement freiné par les limites de ces derniers, commence à investir dans ses premières machines dès la fin du lycée en s’offrant un MS20 de Korg. Très vite, alors qu’il traîne à l’An-Fer, club techno mythique de Dijon où officie régulièrement le jeune Laurent Garnier, mais aussi aux fêtes de Montpelliers, celles des Arènes de Nîmes ou au festival Astropolis, il décide de se lancer dans la composition et la production. C’est l’aventure Dima (et différents pseudos qui ne vivront pas longtemps comme Hustler Pornstar ou Vital Ferox) où il mélange sonorités techno, boucles acid, énergie rave, réminiscences raves et rythmes house qui peut à peu vont construire son style unique. Le 21 juin 1996, pour la fête de la musique, il se lance dans son premier concert sur invitation d’un disquaire de Dijon. Un premier essai qui va confirmer que Vitalic n’est pas uniquement un producteur reclus dans son studio, mais avant tout un musicien pour qui la scène va devenir essentielle, comme une prolongation logique de sa musique.
Très rapidement, les premières sorties de Dima (dont « Bonne Nouvelle » EP sur le petit label Choice) trouvent un écho favorable. « Curieusement, l’EP fonctionne pas mal, en tout cas bien plus que ce que j’avais espéré, surtout que c’était très mal produit, mais en même temps, on était beaucoup moins de musiciens à l’époque, donc c’était plus facile de sortir du lot. ». Fort de ce succès d’estime, Dima enchaîne les concerts, mais se retrouve vite dans une impasse : « Je faisais partie d’un milieu qui ne me convenait pas vraiment, ma musique pouvait être soutenue, dure, mais elle n’était pas vraiment techno. Contrairement aux apparences, je n’en ai jamais fait vraiment d’ailleurs. Je tournais beaucoup en live à l’époque et je me retrouvais souvent dans des fêtes où je n’avais pas vraiment ma place, parce que le roi de l’époque c’était Manu le Malin et j’étais quand même très loin de son son. »
C’est avec Dima pourtant que le style musical, à nul autre pareil, du futur Vitalic va commencer à se dessiner. En remixant le titre « Fadin’ Away » de The Hacker, alors jeune producteur grenoblois inconnu, Pascal dévoile tout ce qui va faire sa magie pour les années à venir : un mélange de new-wave, de disco, de rock, de post-punk, d’électro-funk et de pop moderne emporté par une énergie contagieuse et une invitation à la danse qui le verra déclarer à raison : « Je suis l’enfant de Giorgio Moroder et de Depeche Mode. »