Artiste

KLANGSTOF

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KLANGSTOF

Biographie

Le deuxième album de Klangstof, The Noise You Make Is Silent, marque un démantèlement radical des tendances fortement ancrées du fondateur du groupe, le musicien néerlandais et norvégien Koen van de Wardt. La remarquable percée internationale du groupe, Closed Eyes To Exit, était entièrement issue de la matière grise de Van de Wardt, et en effet, le disque enveloppe l’auditeur comme une sorte d’univers bouillonnant où s’épanouissent synth-pop, post-rock et musique électronique.

Si le premier opus de Klangstof a incarné les traits d’une peinture de paysage vivante, The Noise You Make Is Silent introduit plutôt une attitude à la Jackson Pollock. Van de Wardt, Wannes Salomé et Erik Buschmann ont fait face à une série de ’pourquoi pas’, faisant tourner la grande roue des idées avec un délaissement fantaisiste. Le morceau d’ouverture ’Blank Page’, comme son titre l’indique, se transforme en tabula rasa (concept philosophique selon lequel l’esprit humain naît vierge et se remplit par l’expérience) avec son pouls souple et humide, et devient en lui-même la référence du récit complet que représente The Noise You Make Is Silent.

Pris dans le sillage d’un succès rapide et parfois terrifiant, Klangstof s’est enfoui dans sa propre crise identitaire. Bien sûr, partir en tournée avec Jagwar Ma, Miike Snow et The Flaming Lips - faisant d’eux le premier groupe hollandais à jouer à la fois à Coachella et Bonnaroo, soutenu par Zane Lowe et encensés par Mind Of A Genius... - c’est le genre de références dont un groupe en plein essor serait plus que satisfait après un seul album. Mais ces superbes sommets s’accompagnent cependant de nombreuses précautions : la naïveté de cocher trop de cases trop tôt, sans parler du fait d’avoir à composer avec un groupe qui ne cesse de faire changer ses membres. Pour résumer : Van de Wardt a dû mettre le pied dans la porte et se demander ce qu’était vraiment Klangstof.

Avec Salomé et Buschman désormais dans les rangs, ’Blank Page’ est devenu le boulet de démolition qui a fait voler en éclats l’univers trouble de Klangstof. La chanson est devenue la seule survivante de deux mois de sessions d’écriture surchargées à Los Angeles. Pour les paroles, Van de Wardt s’est inspiré du flux quotidien de la ville, de son trafic et des passants : « Pour moi, c’était une ambiance tellement étrange, que ce soit le matin ou la nuit. Chaque fois que je partais de mon Airbnb jusqu’au studio, les gens que je croisais là-bas semblaient se perdre, dans un état défaitiste, coupé du monde qui les entoure. C’est là que j’ai pensé au titre de l’album : le bruit que tu fais est silencieux. »

Les interminables embouteillages des véhicules qui klaxonnent semblaient étrangement en phase avec la propre situation de Van de Wardt à l’époque : coincé dans une situation incontrôlable et sans destination précise en vue. En tant que citoyen d’un des plus petits pays du monde en voyage dans l’une des plus grandes villes du monde, il est arrivé à une étrange conclusion : pourquoi ne pas simplement marcher à son propre rythme ? Tôt ou tard on finira par apprendre à tracer le chemin qui nous convient le mieux.

C’est exactement ce qu’a fait Klangstof. Van de Wardt explique : « Il n’y a pas de chanson sur Closed Eyes To Exit qui dépassait 90 BPM. Sur ’Blank Page’, nous avons décidé d’augmenter de 20 BPM, juste pour voir comment nous réagirions. »

Souvent, les sessions d’écriture de The Noise You Make Is Silent ressemblaient plus à des projets de foire scientifique farfelus qu’à des jams endiablés, les trois musiciens tournant autour d’une grille de pédales d’effets, d’ordinateurs portables et de boîtes à rythmes, exhumant et récoltant une multitude de sons inhabituels. Le groupe s’est tellement passionné pour ce processus ’façon geek’ qu’il a extrait le morceau instrumental poignant ’They Could Have Saved The Universe’ d’une session studio de huit heures avec le producteur/ingénieur Thom Monahan (Devendra Banhart, Wild Nothing), en laissant tous les bruits et les plaisanteries dessus.

En somme, l’agitation de Klangstof est devenue une qualité plutôt qu’une faiblesse, redirigeant toute cette énergie frénétique vers une nouvelle stratosphère. « L’environnement dans lequel les nouvelles chansons ont été conçues a presque servi de quatrième musicien » explique Van de Wardt. « Souvent, ce qu’on joue sonne bien mieux avant qu’on n’appuie sur "enregistrer". Des petites choses comme un coup de tambourin perdu, - même moi oubliant mes propres paroles - tous ces accidents heureux....nous étions genre " Et puis merde, on garde ça". » Le groove épuré et serpenté de ’Thousands’ est issu de plusieurs rythmes de batterie différents, tandis que ’Death 03’ et ’Death 09’ ont simplement conservé leurs titres de maquette. Ces deux derniers étaient des vestiges de démos enregistrées dans le cadre du side-project Deathmetalmotherfucker de Van de Wardt dans lequel il s’était octroyé le droit de s’emporter et faire du grabuge.

En vérité, Van de Wardt s’autorise à s’ouvrir d’une manière qu’il n’aurait jamais imaginée lui-même. Bien sûr, ça aide quand on est en contact avec Monsieur Imagination Infinie en personne, Wayne Coyne. Le chanteur des Flaming Lips a chanté sur le morceau confessionnal incisif ’We Never Liked The Outcome’. Entre un enregistrement maison sans fard et une ambiance spectrale, la chanson marque le moment où Van de Wardt choisit enfin de se délecter plutôt que de planifier. « Wayne m’a dit que, en gros, il disait oui à tout, et cette mentalité a fini par dépeindre sur moi. Et je me demandais si je pouvais mettre cette notion de dire oui à tout dans une chanson d’amour. C’est l’histoire de ma vie de toute façon : J’ai tendance à trébucher sur les choses par accident plutôt que de les poursuivre délibérément. »

Cela dit, ce que Klangstof est ou n’est pas reste une question à laquelle Van de Wardt ne peut pas encore répondre avec certitude. Sur un album qui oscille avec ferveur entre la pop fracturée et délirante de ’Phantoms’ et l’acerbe ’New Congress, New Father’, le groupe a clairement fait savoir que pour le moment, ils ne comptent pas rester au même endroit pour très longtemps. Cet aspect s’est également exprimé sur scène, où Klangstof s’est forgé une réputation en tant qu’unité live dynamique qui propulse les chansons dans des directions inattendues à chaque occasion. Ce groupe poursuit avec audace les possibilités de collaboration au lieu de penser aux débuts et aux finalités.

« Sur cet album, j’ai appris à m’affirmer et, en même temps, à m’abandonner au gré de mon environnement et des idées de mes camarades de groupe » concède Van de Wardt. Au lieu de me demander constamment "qu’est-ce que je pense?", cette fois c’est plutôt : " C’est CA que je pense. Lentement mais sûrement, les murs qui nous entouraient ont commencé à s’effondrer, et nous avions tous les trois de la place pour manœuvrer à nouveau. Rétrospectivement, le frisson de la libération est très présent sur cet album. »

Sorties

 - THE NOISE YOU MAKE IS SILENT
Album
THE NOISE YOU MAKE IS SILENT
(Mind of a Genius)
Emmené par Koen van de Wardt, la formation des Pays-Bas présente son 2ème album, marqué par l’agitation de Los Angeles et un BPM poussé à fond.
 - PHANTOMS
Single
PHANTOMS
(Mind of a Genius)

Klangstof dévoile Phantoms, son tout nouveau titre de dream-pop au refrain hypnotique et aux nappes de synthé délicieusement atmosphériques.

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