Sam Lee joue un rôle unique sur la scène musicale britannique. Chanteur très inventif et original, interprète de chansons folkloriques, défenseur passionné de l'environnement, collectionneur engagé de musique et créateur de lives à succès. Aux côtés de son organisation The Nest Collective et de ses collaborateurs, Sam a bouleversé la scène de la musique live en brisant les frontières entre la musique folk et contemporaine, et entre la place supposée de la musique folk et la manière dont elle est perçue.

Il a insufflé une passion renouvelée à ce vieux matériau, aidant à développer son écosystème en invitant non seulement un nouvel auditoire, mais aussi en interrogeant ce que les messages de ces vieilles chansons peuvent nous révéler aujourd'hui. Avec son prochain album Old Wow, il nous propose un opus passionnant et émouvant qui élève son travail à un tout autre niveau.

Il n'en a peut-être pas l'intention, mais Sam Lee surprend toujours. Lors de la sortie de son premier album Ground Of Its Own en 2012, il a osé retravailler de façon dramatique de vieilles chansons en mariant son style de chant riche et franc sur un fond sonore extraordinaire, en utilisant toute sorte d’instruments : de la guimbarde, des trompettes, des violons, du banjo ou encore les bourdons d’une shruti-box indienne. Ce dispositif courageusement novateur, rendu possible grâce à un prestigieux prix de la Fondation des Arts, créé pour "soutenir les artistes à un moment décisif de leur carrière", a eu un impact immédiat et l'album a été sélectionné pour un Mercury Music Prize. Trois ans plus tard, le deuxième album de Sam, The Fade In Time, lui a permis d'innover et de recevoir des récompenses, dont un Songlines Award pour l'artiste de l'année. Cette fois, on y retrouvait du violoncelle, du ukulélé, du koto japonais, de la flûte de saule et, plus surprenant encore, une délicieuse version acapella de Lovely Molly appuyée par les rangs massifs de la chorale Roundhouse. Cette chanson a reçu un grand soutien lors des BBC RADIO 2 Folk Awards en 2016 au Royal Albert Hall de Londres où elle a remporté le prix de la meilleure chanson traditionnelle. Elle a ensuite été diffusée dans plusieurs émissions : "Later with Jools" sur la BBC, une session Tiny Desk sur NPR Music, et avec l’orchestre symphonique de la BBC lors des BBC Proms en 2018 où Sam a animé un bal folklorique avec Julie Fowlis.

Mais c'est peut-être lorsque Guy Ritchie l'a choisi pour écrire la chanson principale de son épopée fantastique hollywoodienne du Roi Arthur que Sam s'est fait remarquer par un plus grand public. Grâce à La légende d’Excalibur est né le morceau The Devil and The Huntsman qui a suscité des dizaines de millions d’écoutes dans le monde entier.

Et voici maintenant Old Wow, un autre changement radical de direction musicale où, pour la première fois, Sam inclut l'instrument le plus remarquablement absent de sa carrière d'enregistrement, la guitare (acoustique et électrique), jouée par le producteur de l'album Bernard Butler (des groupes Suede et McAlmont & Butler). Sam explique : « mais c’est seulement car il joue avec tant de beauté et de sensibilité, et que l’on ne se rend pas forcément compte que c'est de la guitare ». Parmi les autres musiciens qui participent au projet, on retrouve ce qu’il appelle le "line-up classique" avec James Keay au piano, Misha Mullov-Addado à la basse et Josh Green aux percussions, ainsi que Caoimhin Ó Raghallaigh du célèbre groupe The Gloaming au violon Hardanger.

D’autres chanteurs ont aussi contribué à cet album, avec une apparition remarquable de Elizabeth Fraser des Cocteau Twins, ainsi que Cosmo Sheldrake et ses splendides harmonies, et le poète Dizraeli. C'est un ensemble de chansons réfléchies, émouvantes et percutantes, dominé par la voix sensible et profonde de Sam, et il n’est pas exagéré de dire que c'est son enregistrement le plus assuré à ce jour.

Ce n'est pas un hasard si cet album est consacré à son amour et sa passion pour la nature, un engagement qui a dominé le coeur et la pratique non-musicale de Sam depuis bien plus d'années qu'il ne chante. Pour Sam, Old Wow est devenu l'épithète de cette qualité innée que possède la nature pour créer l'émerveillement et la connexion. « Ca m’est apparu » dit-il, « lors d'un voyage de "quête de vision" sur un flanc de montagne écossaise. Pendant un temps de questionnement sur ce qui se passait entre moi et la nature, un peu comme une thérapie conjugale avec une vieille amante si vous voulez, dans un moment de crise existentielle, une buse est descendue en piqué et a crié au-dessus de ma tête, puis a tournoyé au-dessus de moi pendant que d'autres me regardaient de haut. A ce moment-là, j'ai senti la présence et le réconfort de ce pouvoir magique et soudain, à ce moment-là, le nom Old Wow et je m’y suis accroché depuis. »

Beaucoup de chansons de l'album traitent de la beauté et de l'importance de la nature, de notre relation abîmée avec elle et des menaces apportées par la crise écologique à laquelle nous sommes en train de nous éveiller. Avec des paroles de chansons traditionnelles souvent réécrites ou « réimaginées avec une nouvelle pertinence pour aujourd'hui », Sam a extrait de ces vieilles chansons « une nouvelle puissance et un nouveau message, à travers de vieilles sagesses presque perdues, avec un sens renouvelé du coeur et de l'orientation ».

Contrairement à beaucoup d'autres artistes de la scène folk actuelle, Sam a grandi à Kentish Town, dans le nord de Londres. Il s’est forgé un amour unique de la musique et de la nature lors de vacances d’été avec l'association caritative pour enfants Forest School Camps, où des enfants de tous les milieux se rendent la forêt profonde et chantent chaque soir autour du feu de camp. Bien que ses premiers amours musicales aient été Michael Jackson et Joni Mitchell, une fois qu'il a découvert, à 25 ans, que les chansons qu'il chantait enfant pendant ces stages d’été, avaient des racines plus anciennes dans son patrimoine national il s’est « rendu compte [qu’il était] aussi libre que quiconque de chanter ces chansons » devenant alors « une obsession. » Par hasard, il a noué des liens étroits avec le chanteur écossais Stanley Robertson (neveu de la légendaire chanteuse de ballades Jeannie Robertson), et a été parrainé pendant quatre ans, se voyant offrir littéralement des centaines de chansons et la façon ancienne de les chanter.

Après la mort de Stanly en 2009, il est devenu un collectionneur passionné de chants traditionnels, passant son temps avec les doyens de la communauté gitane en Angleterre et en Irlande pour enregistrer des milliers de chansons anciennes de leur répertoire. C'est à partir de cette collection unique (conservée dans ses archives publiques numériques songcollectors.org) que Sam s'est lancé dans ses propres albums pour « mettre en valeur la beauté de ces chansons dans un cadre atypique et contemporain ».

Sam est, il l’avoue, "un accro au travail acharné". Il est peut-être plus connu pour sa réinterprétation unique de chansons traditionnelles, mais il est aussi impliqué dans un éventail stupéfiant d'autres projets. En tant qu'entrepreneur, il a ouvert de nouvelles filières singulières pour une vaste gamme de musiciens acoustiques, qu'ils soient déjà établis ou en devenir, par l'entremise du Nest Collective et de ses événements associés comme le Campfire Club, le festival Unamplifire, sa chorale Fire Choir et d'autres activités de justice politique et sociale. Il a été le tout premier membre non nord-américain du conseil d'administration de la toute première conférence Folk Alliance et, au Royaume-Uni, il siège au conseil de la Featured Artist Coalition aux côtés d'Imogen Heap, Ed O'Brien de Radiohead, Nick Mason de Pink Floyd, Dave Rowntree de Blur, et bien d’autres. En tant qu’animateur, il a présenté plusieurs documentaires radiophoniques à la BBC sur la musique au Royaume-Uni et ailleurs.

Depuis, Sam est apparu sur plusieurs scènes, dans des festivals, des conférences et des rassemblements dans presque tous les coins du monde, chantant des histoires, comme un conteur et défenseur des choses qu'il aime. Son spectacle annuel d’expérience immersive à guichets fermés Singing With Nightingales se déroule maintenant pendant 6 semaines dans le Sud-Est du Pays, à chaque printemps, et a permis de mettre en évidence, à travers la musique et d’autres moyens artistiques, les menaces qui pèsent sur les rossignols et d’autres espèces en danger. Il a joué un rôle clé dans la campagne de 2019 de la RSPB (Société Royale pour la Protection des Oiseaux) avec sa musique Let Nature Sing, un enregistrement que Sam a composé uniquement à base de chants d’oiseaux et qui s’est classé dans le top 20 des charts britanniques.

Sam est également un membre fondateur de l’organisation Music Declares Emergency, au sein de laquelle l’industrie musicale britannique se réunit pour prendre conscience de la crise écologique et climatique, et aborder les moyens pour lutter contre elle. Son implication étroite à Extinction Rebellion a donné lieu à une finale mémorable de leur Rébellion Internationale en Avril 2019. Grâce à Sam, les rossignols ont vraiment pu être entendus à Berkeley Square, au moins le temps d’une nuit, alors qu'il rassemblait une foule de 1500 afin de célébrer le soulèvement et la sensibilisation aux espèces menacées et à l’environnement. Le point culminant a été le chant collectif de sa version révisée de A Nightingale Sang in Berkeley Square tandis que les chants d’oiseaux étaient diffusés à travers les téléphones portables des gens présents dans une scène qui faisait penser à Pete Seeger, ce grand écoguerrier musical qui l’a précédé. Oui, Sam joue un rôle unique sur la scène musicale britannique. Et maintenant, avec Old Wow, il a retravaillé des chansons traditionnelles pour créer ce qu'il décrit comme « un pont intemporel, une musique qui peut se tourner vers l’arrière et vers l’avant, et un accompagnement émouvant d'un besoin urgent de retomber amoureux de la nature si nous voulons savoir comment la protéger. »