Artiste

TWO DOOR CINEMA CLUB
Biographie

Actuellement à l’affiche du Two Door Cinema Club : une histoire qu’Hollywood aurait pu écrire. Remplie d’action, d’intrigues, de conflits et de dénouements heureux, c’est un mélange de Reservoir Dogs, de Rocky, d’A Star Is Born et de Love Actually. Le pitch : en 2008, trois copains d’école de la Bangor Grammar School, dans le Comté de Down – le chanteur Alex Trimble, le guitariste Sam Halliday et le bassiste Kevin Baird – ont formé un groupe avec l’intention d’ajouter un frisson mélodique cristallin aux sons rock gonflés à l’hélium de Foals et de The Maccabees. Après avoir signé avec le label indépendant français Kitsune, et avoir été quasiment ignoré par les médias, ils sont devenus un phénomène à force d’incessantes tournées et grâce au lien étroit qu’ils entretenaient sur les réseaux sociaux avec leurs fans, surnommés The Basement People.

Deux ans plus tard, ils jouaient dans des festivals, sous des chapiteaux remplis par 30 000 Cinéphiles enragés, leur premier album Tourist History était certifié platine dans la foulée de singles cultes comme « Something Good Can Work » et « What You Know » et partout dans le monde, ils se faisaient assaillir par la foule, que ce soit dans les rues de Mexico, de Tokyo ou de LA. En 2011, leur deuxième album, Beacon – enregistré avec Jacknife Lee (U2, REM, Bloc Party) dans son studio de LA – se classait n°2 au Royaume-Uni et ils jouaient en tête d’affiche à l’Alexandra Palace et à l’O2, la réussite ultime à notre époque.

Mais le film a tourné au drame. Six années non-stop de tournées intensives ont vu le groupe se disloquer après la deuxième place de Beacon dans les charts. Les musiciens se sont mis à faire des ricochets tout autour du monde pour faire un break et s’éloigner les uns des autres, chacun combattant ses propres démons et ses addictions personnelles. Après avoir passé l’intégralité de leurs vies d’adultes dans la bulle que constituait le groupe, ils découvraient qui ils étaient vraiment. Quand ils se sont à nouveau réunis en 2015, principalement par email, pour évoquer avec une certaine hésitation l’idée d’un troisième album, il y avait encore clairement des intrigues non résolues. Ecrire à distance (le trio a passé cinq mois à s’échanger des maquettes via les boîtes mails de chacun) et enregistrer de façon organique (de nouveau avec Jacknife Lee, à LA) leur a permis d’enrichir leur son d’influences divers telles que Madonna, Prince, Chic, Kraftwerk ou la neo soul, et l’album qui en a résulté en 2016, Gameshow, a été un triomphe pop moderniste, ainsi qu’un hit classé dans le Top Five.

Toutefois, repartir en tournée représentait un saut dans l’inconnu. « Au début, tout semblait très fragile parce qu’on ne s’était pas quitté en très bons termes après le deuxième disque. Enregistrer l’album a été le début de ce processus de raccommodage, » dit Alex. « On essayait encore de se retrouver, alors il y avait un peu d’appréhension à l’idée de repartir sur les routes, mais en fait, ça a été incroyable. Les concerts de Gameshow ont été la meilleure expérience de tournée que j’aie connue avec ce groupe. On commençait à se connaître à nouveau les uns les autres, tous les a priori avaient disparu, on effaçait les compteurs. C’était comme de redevenir copains. On a tout repris à zéro. »

Le fait d’avoir une toute nouvelle équipe et un membre supplémentaire sur scène, le guitariste et claviériste Jacob M Berry, a aussi contribué à mettre de l’huile dans les rouages. « Personne n’était à l’aise, au début, » explique Alex, « et c’est ce qui pouvait nous arriver de mieux. Chacun a dû apprendre à comprendre les autres et, à partir de là, tout a marché comme sur des roulettes. »

« J’ai aimé ça bien plus que je ne le pensais, » acquiesce Sam. « On a commencé la tournée au Mexique, et on a adoré être là-bas. Si ça avait été au milieu d’une tournée il y a quelques années, on serait tous resté enfermé dans nos chambres d’hôtel, on n’était pas très aventureux – alors que là, on a tous profité du fait d’être loin de chez nous, dans un endroit sympa. Maintenant, on a envie de ne pas considérer ce qui nous arrive comme acquis et d’essayer d’en tirer le meilleur possible. »

« On a cessé d’avoir quelque chose à prouver, » ajoute Kevin. « Le succès du premier et du deuxième disque, comme on n’était soutenu par aucun grand média, radio, télé ou quoi que ce soit, nous donnait l’impression de devoir prouver qu’on méritait d’être là et nous faisait nous demander, ‘sommes-nous prêts à jouer en tête d’affiche de festivals ?’ Quand l’heure de la tournée Gameshow a sonné, on a oublié tout ça, on s’est autorisé à faire ce qu’on faisait et à être content et reconnaissant de pouvoir le faire. »

Tous ses membres tirant enfin maintenant dans la même direction, TDCC ressemble à un tout nouveau groupe qui aurait un tout nouveau public. La génération Spotify a découvert ses anciens albums en son absence et le groupe est reparti sur de bons rails. A la fin d’une tournée de deux ans beaucoup moins stressante et plus harmonieuse que les précédentes, il était de retour sur les scènes des festivals, notamment en tête d’affiche du Community Festival de Finsbury Park en juillet dernier.

« C’était génial de donner ce genre de concert selon nos propres règles, à notre façon, » dit Alex. « Dès le début, on a travaillé avec les promoteurs pour décider comment ça serait, comment la journée allait se passer, et pour choisir la programmation. On n’avait jamais eu autant de spectateurs pour un concert en tête d’affiche en Angleterre. C’était tellement gratifiant d’être reparti à zéro avec cet album, après s’être arrêté trois ans et s’être posé la question ‘est-ce que les gens vont encore nous laisser faire ça ?’, et de donner notre plus grand concert de tous les temps. Ça a été un moment clé. »

Cet élan, TDCC ne veut pas le perdre. Alors les musiciens ont pris leur avenir en main. Ils ont décidé que le fait de travailler pour la major Parlophone les avait relégué dans un rôle moins important qu’ils n’en avaient l’habitude dans ce groupe qui s’était fait tout seul – « On a senti qu’on avait un peu perdu le contrôle sur le troisième album, » dit Kevin, « la machine était plus grande et on n’aimait pas trop ça. » Donc, à l’amiable, ils ont repris leur liberté, puis créé leur propre label avec leur management sous le nom de Prolifica Inc, et passé un accord avec [PIAS] qui offre à TDCC le contrôle total sur ses enregistrements, « en première ligne, sur le terrain, pour tout… c’est bien plus gratifiant. »

Alex voit ce changement comme le signe que le groupe a retrouvé sa magie. « Si les choses ne se passaient pas si bien, on n’aurait pas pu reprendre le contrôle. C’est facile de perdre le nord quand quelqu’un d’autre s’occupe de tout. Si on était dysfonctionnels, on n’aurait jamais pu reprendre notre carrière en main, diriger un label, sortir notre propre musique et contrôler notre destinée, ça n’aurait pas marché. On a tous trouvé nos places, très heureuses et très gratifiantes, dans ce groupe, dans ce business et dans nos propres vies. Tout le monde semble être très content et très satisfait. »

Musicalement aussi, ils sont allés de l’avant. Prenant un peu de vacances, en 2018, ils ont recommencé à s’envoyer des démos par mail, prenant soin de ne pas modifier une formule gagnante, même s’ils étaient dorénavant géographiquement plus proches les uns des autres – Alex et Kevin avaient déménagé à Londres et Sam était retourné en Irlande. A la recherche d’une nouvelle direction, Alex a fait des allers-retours à Los Angeles pendant six mois, pour travailler sur des idées avec Jacknife Lee. « Gameshow était très différent de tout ce qu’on avait fait auparavant, » dit-il, « c’était une nécessité – ça devait être une réinvention. Donc c’était du genre, ‘on a fait quelque chose de radical, et maintenant ?’ A la fin, c’était devenu un cas extrême de navigation à l’instinct. Il y avait des chansons un peu folles qui sortaient des sentiers battus, on faisait tous des bruits bizarres qu’on ne fait généralement pas sur disque et c’est ça qui était excitant. C’est devenu notre truc, rechercher l’excitation. »

C’est cette recherche qui a conduit TDCC à concevoir son propre style biaisé de musique pop moderne. Le quatrième album, False Alarm – enregistré lors de séance détendues, ouvertes et intermittentes avec Jacknife Lee à Londres et à LA – est rempli d’éléments synthpop, disco et electro-funk qui avaient commencé à pointer leur nez sur Gameshow, rendus encore plus bizarres par des tirs de missiles rock industriel, space pop et psychédélique. « J’adore les trucs pop, » explique Alex. « J’adore expérimenter et aller dans différents endroits, j’adore faire des choses un peu bancales et j’adore l’idée de faire quelque chose qu’on n’a encore jamais fait. Pourquoi ne pourrions-nous pas faire tout ça en même temps ? C’était exactement ça, faire ce qui semblait le plus approprié… ça sonne comme Two Door Cinema Club – pas un Two Door Cinema Club qui aurait déjà existé, mais c’est ce que j’aime. On peut toujours faire quelque chose de nouveau, ça ressemble toujours à quelque chose qu’on a déjà fait. »

« On ne voulait pas avoir peur de quoi que ce soit, on voulait s’approprier tout ce qu’on aimait, » ajoute Sam. « Certains effets sur les guitares ou certains sons de synthé pouvaient être une référence à quelque chose qu’on détestait, mais on essayait de se les approprier et de les rendre intéressants. »

Donc, au milieu du vernis synthétique de « Once », du disco rock de « Dirty Air » et du funk à la Chic de « So Many People », vous trouverez de la soul distordue, subaquatique, semblable à une jungle engloutie (« Think »), ou un interlude de deux minutes de pop lounge appelé « Break », qui sonne comme si AI essayait d’écrire une chanson des Beatles. « La maquette que j’ai apportée à Jacknife était un peu plus classique, » dit Alex, « il y avait plein de jolis accords là-dedans. Dès que je la lui ai fait écouter, il m’a dit ‘tu recommences, c’est l’école d’écriture de chansons à la McCartney, à laquelle tu ne cesses de revenir’. Jacknife l’a dénudée et l’a entièrement reconstruite. Il a enlevé toutes les batteries et mis des rythmes électroniques, en disant ‘Je ne vais pas te laisser faire ça aussi simplement que tu veux le faire, et je ne vais pas la laisser devenir une chanson complète, elle ne va durer environ qu’une minute et demie ». C’est une des meilleures choses qui pouvait arriver, qu’il me dise ‘Je ne vais pas te laisser faire ce que tu as déjà fait’. Ça a donné un très beau résultat. »

Il y a même un adorable morceau d’art-pop excentrique, dans la veine eighties de Bowie ou de Talking Heads, appelé « Nice To See You » avec Mokoomba, le groupe du Zimbabwe, assurant les chœurs africains et un couplet rappé par Open Mike Eagle. Le lien avec Mokoomba est un exemple de sampling devenu vivant – découvrant leur musique au cours d’un break pendant une séance d’enregistrement, Alex et Lee décident de sampler le groupe pour un titre explosif de funk eighties appelé « Satisfaction Guaranteed », puis s’aperçoivent qu’il joue en ville la semaine suivante et l’invitent au studio pour chanter sur « Nice To See You ». « C’est phénoménal de voir l’impact que quelqu’un d’autre, tout frais, a pu avoir sur une chanson sur laquelle on travaillait depuis quelques semaines, ça a tout transformé, » dit Alex. « On avait essayé des bribes de collaborations par le passé, ça ne semblait jamais tout à fait naturel. Mais là, si, on les a laissé essayer et attaquer la chanson à leur façon. »

Thématiquement, False Alarm est le jumeau de Gameshow, mais c’est de loin le plus joyeux des deux. Là où Gameshow vitupérait contre les dislocations accélérées de la vie moderne et l’effet nocif de la technologie et des réseaux sociaux sur la société, False Alarm décide que si on ne peut pas l’empêcher, autant en faire une satire. « Sur le dernier disque, j’étais vraiment furieux contre tout, je détestais le monde entier, » explique Alex, « mais au bout du compte, ce monde, on en fait tous partie et on le constitue tous, donc ce disque-ci est un peu plus ironique. Beaucoup de nos fans sont des gamins et on a une responsabilité envers eux, pas en tant que consommateurs mais en tant qu’êtres humains. Je ne veux pas me mettre en colère et leur dire ‘vous êtes des idiots, allez, tout ça n’a aucun sens.’ On peut le faire d’une façon qui, on l’espère, permettra aux gens de réaliser que c’est assez ridicule. Ils se disent, eux aussi, ‘je ne peux pas continuer à vivre pour des followers, je ne peux pas continuer à vivre pour des likes’, et c’est une bonne chose. Nous sommes une espèce très fragile, nous devons parfois nous rendre compte de notre propre absurdité. »

Donc, la pop synthétique ultra-MGMT de « Once » explore la façon dont nous nous définissons nous-mêmes par des likes et notre « célébrité » en ligne, et la façon dont nous vivons par procuration à travers des appareils. « La phrase ‘une seule fois dans sa vie’ est venue d’une conversation. J’ai commencé à me demander ce qu’elle voulait dire aujourd’hui. Quand tout est capturé sur une caméra ou vu à travers un écran, et si on peut tout regarder un million de fois, est-ce encore ‘une seule fois dans sa vie’ ? Il y a aussi cette idée qu’on est un produit, que tout le monde construit sa propre marque. » « Nous avons tous notre propre valeur, » dit Kevin, « et le fait que quelqu’un ait plus de followers que toi ne veut pas dire qu’il a plus de valeur que toi. »

« Nice To Meet You » développe cette idée, abordant le décalage entre la façon dont nos vieux amis présentent leurs vies comme des rêves glamour sur Instagram (et le sentiment d’infériorité que nous ressentons en conséquence) mais n’arrivent pas à exprimer leurs peurs et leurs échecs en chair et en os. « Satisfaction Guaranteed », de son côté, résulte du fait qu’Alex a arrêté un temps les réseaux sociaux, pour se retrouver capable, quand il a repris, de voir directement, à travers l’écran, jusqu’au code de l’algorithme. « J’ai commencé à remarquer beaucoup plus ce qui se passait en terme de publicité, de ce que les gens et les produits promettaient et comment c’était filtré au milieu d’infos, » dit-il. « C’est devenu une partie de ce qu’on consomme quotidiennement, donc inconsciemment, on pense ‘voici ce dont j’ai besoin, ça va tout rendre meilleur et je serai plus heureux’. Le truc principal, que la plupart des compagnies et des organisations vendent maintenant, c’est le bonheur. C’est la joie, la satisfaction, comme si ça devait être notre état naturel. Tout, que ce soit un téléphone, un sandwich ou une voiture, nous garantit de rendre notre vie meilleure. J’ai écrit ‘Satisfaction Guaranteed’ à propos de cette idée d’essayer d’obtenir ce bonheur absolu, de cette idée de paradis que tout le monde essaie de nous vendre. »

Ils s’amusent aussi avec l’avenir. Si la krautpop communicative de « Satellite » accepte le fait que, en tant qu’espèce, on est « tous ensemble dedans » – que ce soit le Brexit, le changement climatique ou toute autre terreur moderne créée par l’homme – le disco rock enfumé par un nuage de pollution de « Dirty Air » voit même Alex rôder de façon lascive sur les dancefloors de villes en ruine, posant sur fond de désastre écologique : « Le ciel va tomber, alors avance-moi une chaise ». « Je me suis dit, ‘et si on célébrait la fin du monde et qu’on faisait juste une grande fête ?’ » dit-il avec un large sourire. Plus loin dans l’album, internet prend vie et s’enfuit, laissant une lettre de rupture psychédélique à l’humanité qui l’avait abusé.

Et de temps en temps, Alex retourne son écran vers lui-même, écrivant des chansons pour s’aider à traverser son insécurité d’écriture, ou les profondeurs des couches que le groupe développé depuis sa pause involontaire. Tout ça a fait faire un bond en avant à TDCC, les yeux écarquillés, englobant plusieurs cultures : un disque susceptible de briser, détruire et refaçonner la pop en 2019. Et ce n’est que le début de la nouvelle phase de ce groupe unifié et sûr de lui. Vous feriez mieux d’attacher vos ceintures en vue d’une incroyable fin Hollywoodienne. Un « tout est bien qui finit bien » éternel.

Sorties
 - FALSE ALARM
Album
FALSE ALARM
(Prolifica / Pias)
Le trio perfectionne une nouvelle fois sa recette unique de production de hits dansants et implacables.
 - DIRTY AIR
Single
DIRTY AIR
(PIAS MUSIC)

Le titre disco-rock, "Dirty Air" dénonce les conséquences des catastrophes écologiques modernes: « Le ciel s’effondre, asseyez-vous confortablement sur une chaise ». « Pourquoi pas célébrer la fin du monde et organiser une fête » déclare ironiquement Alex, le chanteur du groupe.

 - SATELLITE
Single
SATELLITE
(PIAS MUSIC )

Satellite c'est une grande dose de disco, un peu d’électro-funk et une pincée de synthés-pop, voilà la recette miracle du trio britannique, qui nous offre une nouvelle fois un titre chaleureux à consommer sans modération.

 - TALK
Single
TALK
(Pias)
Le nouveau titre du trio nord-irlandais qui continue de vouloir nous faire danser avec l'électro-funky
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