Biographie
Compositeur d’aujourd’hui, de maintenant et d’ici, Vitto Meirelles poursuit son application des préceptes culturels brésiliens. Parmi eux, la musicalité comme fondement de la vie, et l’Anthropophagisme, défini par le poète moderniste Oswaldo de Andrade en 1928, qui inspira les rockers tropicaux de la génération tropicaliste – Caetano Veloso, Gilberto Gil.
L’art et la débrouille, la vitesse du monde et la circulation des biens ont imposé aux êtres sensibles de saisir avec agilité tout ce qui passe, de le déglutir et éventuellement de le ressortir régénéré. Le catéchumène Vitto Meirelles en a fait sa religion. Et voici donc Da Hora, qui fait suite à Vem Rei, paru en 2017 et où avaient été invités de précieux amis - Gilberto Gil, Agnès Jaoui, Vincent Segal, Arto Lindsay, Sébastien Martel. Da Hora, ce sont quatorze titres de musiques brésiliennes, au pluriel, et de la France dans les interstices.
C’est d’ailleurs en français que le carioca promet de manger ses ennemis, ceux qui regardent en bas et ne pensent pas, les bas du front, les aveugles volontaires (Le Cannibale). Ceux-là refusent de penser un futur éclairé, et ont précipité le grand Brésil dans une impasse où les sources s’assèchent (A Fonte secou) et où la corruption, le mensonge accompagnent la montée en force de la droite extrême et des valeurs réactionnaires portées par des « hommes ordinaires » (Homen Comum), ne sachant ni aimer, ni « sambar », mais spolier, oui.
Alors, Vitto demande des comptes citoyens :
« Où est passé notre argent ? », comment un pays si riche est-il redevenu synonyme d’enfants des rues et de violence ? Cette chanson, País do BBB, est traitée à la façon d’un João Bosco, guitariste virtuose qui a fait entrer les onomatopées africanistes et le yoruba dans la MPB (Musica Popular Brasileira) dès les années 1970.
Vitto Meirelles est un joueur d’influences évidemment (A fonte secou, en ouverture), mais actualisé par les rythmiques légères du samba reggae et de touches électroniques, à la façon d’un Arto Lindsay, artisan américain de la renaissance de Caetano Veloso à la fin des années 1980 et de l’émergence de Marisa Monte par la suite.
D’un côté, Vitto Meirelles est d’un classicisme renversant. Nous parlons ici de la rigueur soyeuse de João Gilberto, le maître absolu de la guitare et du verbe. À l’inventeur de la bossa nova, le musicien à la voix flûtée dédie Esse Ano, ses nuits sans dormir, cette douleur intense et si jouissive, qui permet de savoir qui l’on est, une samba de la plus belle facture, revue aux harmonies subtiles.
D’un autre côté, Vitto Meirelles créé des univers parallèles, de ceux qui touchent à l’invisible, aux doubles jeux, à l’instar de l’image de la pochette : l’artiste est nu, son intimité cachée par sa guitare ; l’image prise dans un clair-obscur, se démultiplie, créant autant d’auras suaves. La juste appropriation permettant toutes les audaces, Vitto Meirelles s’empare d’un héros national français, Charles Aznavour, dont il interprète pour conclure son opus Tu t’laisses aller, créée en 1960 par le crooner, fils d’immigrés arméniens, alors que paraissait le disque fondateur de la bossa nova, O Amor, o Sorriso e a flor dans un Brésil emporté par la modernité. Vitto Meirelles sait parfaitement mesurer le passage du temps et de l’histoire. Si l’amour est tout, il doit être en mesure de combattre la décadence hargneuse imposée par le lucre. Mais l’issue est incertaine. Vitto Meirelles le dit en douceur, en nuances, en voix, et guitare admirablement jouée.
Sorties
Album
DA HORA
(COOKING VINYL) 14 nouveaux morceaux à la fois doux et envoûtants, faisant la part belle à la voix délicieusement langoureuse de Vitto Meirelles.
Single
NADA E MALHOR DO QUE VOCE
(Cooking Vinyl) L’artiste brésilien dévoile Nada E Melhor Do Que Você, un premier extrait de son nouvel album à paraître en septembre 2019.
Videos