Biographie
Il y a un morceau de route qui traverse le parc national Adirondack (parc national dans l’Etat de New York), juste quelques kilomètres de maisons, d’écuries, d’arrêt de camion et d’arbres, qui compose Woodgate, New York. Mais juste à côté de cette route il y a un chemin qui mène directement au lac avec sa plage et un ensemble de vieux immeuble. « Et c’est ici que j’ai passé mon été », dit Ali Lacey mieux connu sous le nom de Novo Amor. « Un lac très profond avec un port, surplombé par d’immenses arbres».
Cet été a eu lieu il y a 7 ans. Mais pour Lacey, c’est un évènement marquant dans sa vie et sa musique. Employé en tant que professeur de musique dans une colonie de vacances, il passé ses journées à faire cours sur les bancs d’une vieille église. « C’était un autre monde », dit-il, « et tous les détails sont encore marqués dans mon esprit : les chauves-souris trouvent leur chemin à travers les lanternes durant la nuit et durant le jour se sont d’étranges silhouettes contre le mur ; l’odeur fraiche des sapins, et cette végétation inattendue sur cette terre. C’est un endroit très serein », ajoute-t-il.
C’est durant cet été que beaucoup de choses ont changé pour Lacey. Il a mis de côté son intérêt pour le rock, le métal ainsi que les musiques de film et commença à écouter ce qu’il décrit comme « de la musique avec une émotion plus profonde que ce que j’écoutais auparavant ». Il est tombé amoureux, et « aussi prévisible que ça puisse paraître, de nombreuses chansons ont commencé à avoir plus de signification à mes yeux, textuellement ». Il réalisa également que cette relation, qui est née au bord du lac de Woodgate, était autant avec ce lieu qu’avec une personne. « Aller là-bas puis ensuite en revenir a joué sur mon état d’esprit » dit-il. « La façon dont cet endroit m’a changé. C’est comme si c’était un point déterminant dans ma vie ».
Quand il rentra des Etats-Unis ce fut une période instable. Au chômage, pas de plan d’avenir et une relation terminée, il retourna dans sa famille aux Pays de Galles, de retour dans sa vieille chambre, acceptant un travail de vendeur de glace et passant son temps libre à écrire des chansons. « Je sentais que j’allais traverser plusieurs changements dans ma vie », dit-il. « J’ai fini mes études et je ne savais pas quoi faire d’autre à part de la musique. Donc c’était une sorte de transition qui me laissa le temps d’écrire mes chansons. »
Lacey a commencé la musique à l’adolescence, il l’a étudiée à l’université avec l’intention d’écrire des bandes originales de film, mais l’idée de devenir auteur-compositeur était quelque chose de nouveau pour lui ; « Toute la musique que j’ai pu faire avant était des notes d’orchestre », il s’explique. « Je n’ai jamais vraiment écrit une chanson juste accompagnée à la guitare avant. »
En 2018, il s’est proposé d’écrire la bande originale du film d’un de ses amis. « Je l’ai fait comme une faveur », il dit, « juste parce que je voulais être impliqué ». Pour la scène clé du film il a écrit une chanson intitulée
« From Gold », qui a vu le jour tard dans la nuit alors qu’il rentrait de sa journée de travail. « Ce que j’aime à propos de ce titre c’est que le titre s’est fait d’une traite », il explique. « C’est un morceau imposant mais qui a été délicatement taillé à la guitare et les voix sont venues apporter de l’émotion à cet élément. Je pense que c’est juste 4 accords répétés encore et encore pendant 3 minutes et demi, c’est la chose la plus, simple mais parfois la simplicité et la clé. » « From Gold » semble avoir déverrouillé quelque chose pour Lacey, il a commencé à écrire une collection de titre qu’il a sorti l’année suivante sur l’EP « Woodagte » - titre inspiré par la période qu’il a passé près de ce lac dans l’état de New York-, c’était tendre, honnête et follement amoureux.
Il démissionne de son poste de marchand de glace et commence à travailler pour des karaokés. « Je pouvais travailler sur des chansons de Kate Bush, de Conord Maynard ou de la pop suédoise bizarre », se souvient-il. « Tu dois refaire le titre le plus fidèlement possible mais sans les paroles. 7 pounds le morceau. C’était horrible. » Il a aussi produit quelques sons peu conventionnels pour les compositeurs. « Par exemple, il y eut un projet pour lequel j’ai séparé plusieurs objets au hasard comme une baignoire et un four par exemple et je les ai enregistrés à différentes vitesses, ai tapé dessus avec différents marteaux, et les ai transformés en instruments utilisables par des compositeurs », explique-t-il. « C’était un bon moyen d’obtenir un son original et de nouvelles techniques d’enregistrement. Ça m’a amené à faire des sons de logos – ce que vous entendez à la fin des pubs. A la base c’étaient juste des idées de ce que je voulais faire, et ça a fini par payer. »
Cette trajectoire particulière a permis à Lacey de continuer à écrire et produire ses musiques. « La musique était comme une béquille sur laquelle je pouvais m’appuyer » dit-il. « Ce fut mon objectif principal et ça m’a aidé à construire mon propre studio, à voyager à travers le monde, à jouer dans différents pays et à rencontrer de nouvelles personnes. »
Parmi les gens que le chanteur a rencontré on compte l’écrivain et producteur Ed Tullett, avec qui il se lia d’amitié. « C’était génial d’être avec quelqu’un concentré uniquement sur la musique et qui avait confiance en ses propres idées, » dit Lacey, « C’était super de juste être là à faire de la musique avec lui. »
De cette amitié naquit une collaboration musicale, avec un premier single, « Faux », sorti en 2014 (que l’on retrouve dans les séries « Bones » et « Pretty Little Liars »), suivi par un second single, « Alps », 2 ans plus tard, et enfin un album complet, « Heiress », sorti chez AllPoints.
Le fait de travailler avec Tullet a beaucoup aidé Lacey à avoir confiance en lui. « Cela m’a donné une vision de comment les autres écrivent des chansons, » dit-il. « Et c’est juste super d’avoir l’avis et les idées d’autres personnes, plutôt que de rester coincé dans sa propre perception étroite des choses et penser, par exemple, « je ne suis pas un vrai artiste, mes chansons doivent être parler d’un certain moment de ma vie… ça ne peut pas être autrement » ».
Mais cette « certaine période » s’éternise. En mai 2017 Lacey sort son EP « Bathing Beach », comme la petite sœur de l’EP « Woodgate », qui tient son nom d’une carte postale du lac où le chanteur passa l’été 2011. « Parce que 4 chansons ne suffisaient pas à contenir tout ce que j’écrivais à ce moment-là », dit-il. « C’est comme si les choses n’étaient pas encore finies, cet EP marque plus une conclusion – un clin d’œil mélancolique à cette période de ma vie. »
L’album complet de Lacey, « Birthplace », considère toujours l’idée du temps. « Cet album est essentiellement joyeux mais un peu biaisé par le passé pour moi », dit-il. « C’est lié à l’idée que quand tu te souviens de quelque chose, tu te souviens en fait de la dernière fois où tu y as pensé – et pas de l’évènement en lui-même. Tu ne peux pas marcher dans la même rivière deux fois. C’est pourquoi, plus tu regardes en arrière plus les souvenirs se transforment. C’est en ça que la stagnation peut créer des faux souvenirs. »
Les titres couvrent plusieurs thèmes, pensées et idées –« Oh, Round Lake » revisite « Woodgate », « Repeat Until Death » parle d’une bande d’amis qui expérimentent l’addiction à la drogue, « Seneca » raconte l’histoire d’une ville au Nebraska qui se déchire à cause d’un débat sur le nombre de chevaux qu’il est possible de garder dans un jardin. « Mais peu importe l’histoire de chacune des chansons, il y a un sombre conflit au sein de l’album » affirme le chanteur. « Cela contredit l’idée du bonheur de se lever tous les matins un jour plus vieux, un peu plus loin de son passé. »
Lacey n’a que 26 ans et pense encore que la vie continue de changer. « Mais les choses ont changé de la bonne manière, » dit-il. « Beaucoup de gens avec qui j’ai grandi ne s’attendait pas à ce que je fasse ce que je fais maintenant. J’ai l’impression qu’avoir du succès dans le domaine de la musique est quelque chose de tellement rare, et ce n’est pas comme si j’étais Ed Sheeran mais la musique est quelque chose que je peux faire tous les jours et ça c’est merveilleux. »
Le chanteur a désormais son propre studio à Cardiff, un espace assez grand pour rassembler son piano, sa batterie et tout l’équipement pour enregistrer au même endroit. Sur l’album « Birthplace », le son de son nouveau studio était mêlé à la soirée de l’autre côté de la rue, les feux d’artifice et le bruit de mouettes regroupées sur l’immeuble d’à côté. Même pour les sons enregistrés tard dans la nuit on peut sentir la présence de tous ces bruits parasites : « Je pense qu’il y a quelque chose de reposant dans le fait de travailler la nuit », affirme le chanteur. « Tu peux te concentrer sur des plus petits détails et sons. »
C’est un moment étrange pour Lacey. Il commença Novo Amor comme une espèce de projet – un acte de défiance. « Pour être honnête, une fille m’a quitté pour un mec qui était chanteur et écrivain. Donc j’ai pensé “Je pourrais faire ça moi aussi. » Mais au fur et à mesure du projet le chanteur a trouvé quelque chose d’enrichissant dans cette nouvelle manière d’écrire. « Faire cet album en un sens marque la fin de Novo Amor », dit-il. « Mais c’est ridicule car je sais que c’est aussi juste le commencement. »
Sorties
Album
BIRTHPLACE
(All Points Uk) Ali Lacey plus connu sous le nom de Novo Amor, présente son nouvel album mélancolique et planant.
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