Artiste

BRISA ROCHE
Biographie
Avec Father, son sixième album, l’Américaine Brisa Roché signe son disque le plus personnel et le plus abouti. Une pépite de folk minimaliste, hantée par la voix unique de la chanteuse et produite par le grand John Parish - celui qui a réalisé entre autres le magique To Bring You my Love de PJ Harvey, disque avec lequel Father partage certains points communs : l’ambiance crépusculaire, fantomatique, comme de l’Americana gothique. Un climat inquiétant souligné par les photos réalisées par Jean-Baptiste Mondino pour la couverture du disque. Dans cet album, écrit en partie à Paris, où la chanteuse vit, et en partie dans le village du nord de la Californie où elle a grandi, le timbre de Brisa Roché se révèle plus envoûtant que jamais. Elle s’inscrit dans la lignée des grandes chanteuses folk des années 60 telles Karen Dalton ou Vashti Bunian, ou dans celle d’artistes d’aujourd’hui telle Alela Diane. Des chanteuses chamanes, filles de l’eau et du feu, capables de ressusciter l’esprit des morts, de rappeler à la mémoire la saga familiale, les passions et les saisons qui passent.

Comme son titre l’indique, Father est un projet hors du commun. Brisa Roché y chante l’amour immense, impossible, quasi incestueux, qu’elle a éprouvé, enfant et adolescente, en Californie du Nord, pour son père (mort quand elle avait 16 ans), un dealer qui récitait de la poésie et vivait à 100 à l’heure, un aventurier charismatique et sulfureux, qui multipliait les conquêtes. Loin d’être un disque au caractère trop personnel, centré sur la petite histoire de l’artiste, ses chansons se révèlent universelles, explorant toutes les facettes de l’amour : le manque, la fascination, la tristesse, la séduction, le désir de sauver l’autre. Tout le monde pourra s’y reconnaître. Et Brisa y joue tous les rôles : celui de l’enfant éplorée qui cherche à retenir ce feu follet de père (les poignants Trying to control et Carnation), mais aussi celui de la mère bienveillante (le merveilleux Patience), ou celui des inquiétants dealers qui entourent son paternel (Holy Badness et son refrain puissant comme un cantique impie).

Au fil de saynètes qui nous emmènent dans des cabines en bois perdues dans la forêt (48) ou à l’arrière de banquettes de voitures garées devant des « liquor stores », Brisa Roché prouve qu’elle est une song writer accomplie, capable des plus beaux textes. Des histoires magnifiées par le travail de John Parish. On retrouve ici la production épurée qui caractérise la signature du musicien anglais : des accords de folk rugueux comme de vieux morceaux de bois, une stridence de guitare électrique (Nick Zinner des Yeah Yeah Yeah’s est venu prêter main forte), quelques coups de grosses caisses telluriques… Un écrin nocturne, bruissant comme la Nature, pour que s’élève la voix lustrale de l’Inconsolée.

Si Dean Moriarty, le héros de Sur la route, de Kerouac, avait eu une fille, elle aurait enregistré cet album. Assise à l’arrière de la Buick, sillonnant les Etats-Unis, elle aurait griffonné ses textes en regardant la nuque tannée de ce père « badass ». Dans la carrière de tout artiste, il y a une œuvre qui nous fait rentrer au plus profond de son coeur, dans sa matrice intérieure, là où s’est élaboré le désir de chanter, le besoin de s’exprimer. « Father » est de ceux-là. Nous sommes au plus près de la lave. Et, putain, ça brûle.

Patrick Williams

A propos de Brisa Roché
Certains artistes ont besoin d’avancer en ligne droite, répétant obsessionnellement le même style. D’autres au contraire circulent avec aisance entre les genres. L’aventure de Brisa Roché avec la musique a commencé au début des années 2000 dans les clubs de jazz parisiens. On pouvait l’observer fasciné réinterpréter, à côté notamment d’un contrebassiste et d’un guitariste, les standards du répertoire américain comme Gloomy Sunday en tapant de la main sur sa cuisse. Grande, imposante, elle affrontait la scène, le difficile circuit des salles où l’on écoute de la musique en sirotant un verre tout en parlant à sa voisine, et le début de la notoriété avec aplomb.

Cette expérience s’est prolongée avec l’album The Chase, publié chez Blue Note (EMI), un disque à l’éventail plus large, plus rock notamment. Pour Takes, son album suivant, aux sonorités pop, sorti en 2007 et très bien accueilli par la critique, elle collabore avec Henry Hirsch (Lenny Kravitz, Vanessa Paradis, Lionel Richie…) et Nick Zinner. Au cours de sa tournée, elle rencontre un groupe lillois qu’elle finit par emmener en Californie pour préparer l’album All Right Now, rassemblant des chansons plus brutes et dépouillées. Outre les succès de ses propres créations, elle décroche un hit lorsqu’elle reprend en reggae, avec Bost & Bim, Jamaican Boy, variation autour d’American Boy le tube interplénataire d’Estelle et Kanye West, et fait, au passage, le bonheur de Radio Nova. Pendant l’année 2012, elle forme avec les chanteuses Rosemary Standley et Ndidi Onukwulu le trio The Lightnin 3 qui publie l’album Morning, Noon & Night. Deux ans plus tard, le réalisateur Jalil Lespert fait appel à elle pour sublimer la bande son de son film Yves Saint Laurent. L’année 2016 marque à la fois son retour en France et la publication se son cinquième album, Invisible 1, aux sonorités électro, où ont collaboré notamment Blackjoy, Marc Collin et Thibaut Barbillon. Une tournée européenne suivra. Au fil des années, on reconnaît aussi sa voix ou ses mélodies dans quelques synchros pour des grandes marques.

Si Brisa Roché est de ces artistes qui aiment à se métamorphoser à chaque album, ses fans savent qu’il y a un fil rouge qui guide son travail (et auquel ils sont accros) : ses chansons écrites comme des histoires captivantes et impudiques, qu’elle raconte avec son timbre de voix inimitable, si américain, qui vous masse l’âme et vous berce sensuellement.

L’année 2018 voit la publication au mois de mai d’un nouvel album, Father, réalisé entre la Californie, Paris et l’Angleterre, avec John Parish, le producteur de PJ Harvey.
Sorties
 - FATHER
Album
FATHER
(BlackAsh / Wagram)
Brisa Roché, présente son nouvel projet folk minimaliste, Father, à découvrir le 25 mai
 - 48
Single
48
(BlackAsh / Wagram)
48, premier extrait du nouvel album Father de Brisa Roché, à paraitre le 27 avril
Logo footer Ephelide