Illa se livre intimement, sans nulle part où se cacher. Son écriture condense ses questionnements, de ceux inavoués que le commun des mortels consigne plutôt dans son journal, sans jamais au grand jamais le rendre public. Ce n’est pas du tout son cas. Elle ne rougit pas d’en dévoiler album après album quelques extraits tremblants et secrets. Ce sont les ingrédients qui ont contribué au succès de son premier EP « Averses » (2023). Sa sincérité a touché l’auditeur. En formule clavier voix, Illa dévoilait ses angoisses les plus enfouies, le sentiment d’abandon ou son penchant pour l’autodestruction, sur le ton de la confidence. « Autolyse », lui, trouve son origine du chaos. Ici, c’est la volonté de détruire l’autre, mais aussi de se détruire soi, envisagée comme une possibilité de renaître. « Sur mon premier EP, j’avais vraiment l’impression de me dévoiler sur plein d’aspects, mais celui-ci est encore plus décomplexé », assure-t-elle.
En amour, Illa joue la pire version d’elle-même, force le trait, avec cette propension à tout gâcher. Sur cette question, les titres « Comme d’hab », « Peut-être » et « Donna Summer » se croisent, se répondent, se complètent. C’est la fin d’une relation. Elle le dit tout net : elle est la seule fautive. « Je vais tout casser, tu vas tout ranger comme d’hab / Et puis ça va pleurer et puis ça va aller comme d’hab », chante-t-elle, pour témoigner du jeu malsain, entre l’amour et la haine, auquel elle sacrifie sans cesse. C’est en tout cas ce qu’elle cherche à nous faire croire. « Plus j’avance dans l’écriture et plus je me rends compte que c’est peut-être l’autre qui avait sa part de responsabilité », dit-elle. L’infidélité tient pour une grande part à cette indécision. « L’infidélité, qui est à tous les niveaux », précise-t-elle. C’est aussi et d’abord se dérober à soi. « Ne pas pouvoir se faire confiance entraîne la non-confiance en l’autre », ajoute-t-elle. De quoi entrer dans une spirale de vengeance. « Et les trompés finissent trompants » : ses paroles sont sans équivoque.
Illa est une mauvaise fille, de celles qui veulent juste s’amuser dans les paroles du « Bad Girls » de Donna Summer. La reine du disco donne son nom à l’un de ses morceaux, qui lève le tabou sur l’infidélité féminine et déconstruit les stéréotypes sur le sujet. « Ses mains sur mon corps me dessinent pendant des heures J’imagine son corps me toucher quand tu t’endors », ose-t-elle interpréter, au-delà de toute pudeur, un sourire narquois aux lèvres. « On fait toujours culpabiliser les femmes pour leurs actions, jamais les hommes, déplore-t-elle. Ils peuvent tout faire, sans que ça ne choque personne. Je trouve cela très injuste. » Le ton est franc et direct, plus assuré, plus sévère aussi. « Averses a permis ça, témoigne Illa. Les non-dits ont été dits et les gens autour de moi les ont entendues. Ça m’a confortée et libérée. »